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ANXIÉTÉ DE PERFORMANCE : Comprendre et surmonter ce cercle vicieux

  • Photo du rédacteur: ebeaugrandmasson
    ebeaugrandmasson
  • 7 oct.
  • 8 min de lecture

« L’anxiété de performance sexuelle ne concerne pas uniquement les hommes : les femmes en souffrent également, avec des manifestations différentes. J'ai cependant choisi d'écrire cet article spécifiquement sur l’anxiété de performance chez les hommes, un sujet encore trop souvent tabou et source de souffrance silencieuse. »



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« Je m’appelle Lucas, j’ai 32 ans, et pendant des années, j’ai évité les rapports sexuels par peur de l’échec. » C’est par ces mots que Lucas, cadre dans une entreprise parisienne, a commencé sa première séance de sexothérapie. « Dès que l’intimité devenait possible avec ma partenaire, une voix dans ma tête me répétait : ‘Et si tu n’y arrives pas ? Et si tu la déçois ? Et si ça recommence ?’ » confie-t-il. « J’avais lu des dizaines d’articles sur ‘comment durer plus longtemps’ ou ‘satisfaire sa partenaire à tous les coups’, mais plus je cherchais des solutions, plus la pression montait.»



Lucas n’est pas un cas isolé. En France, entre 15 % et 25 % des hommes déclarent avoir vécu une anxiété de performance sexuelle à un moment de leur vie (IFOP, 2023 ; Haut Conseil à l’Égalité, 2023). 

Chez les 18-35 ans, ce chiffre grimpe en raison de l’influence des réseaux sociaux et de la pornographie : 34 % des hommes consommant de la pornographie de manière hebdomadaire avouent ne pas toujours respecter le consentement de leur partenaire, révélant l’impact de ces contenus sur les attentes et le stress (ZAVA, 2023) : On nous vend une sexualité parfaite, sans ratés, sans communication. Résultat : beaucoup d’hommes se sentent inadéquats. 

Pourtant, la sexualité n’est pas une performance. Elle se vit dans l’échange, l’imperfection, la vulnérabilité et surtout, dans le lâcher-prise – un travail que Lucas a pu entamer grâce à la sexothérapie et à l’hypnose. « Aujourd’hui, je sais que la qualité de notre moment ensemble vaut bien plus que la durée ou la performance »



Les causes de l’anxiété de performance : d’où vient cette pression ?


L’anxiété de performance sexuelle ne surgit souvent pas du jour au lendemain. Elle s’installe progressivement, nourrie par un mélange de facteurs socioculturels, d’expériences personnelles et de mécanismes psychologiques qui, ensemble, créent un terreau fertile pour le doute et la peur. 


Comprendre ces causes, c’est déjà commencer à s’en libérer.


D’abord, il y a l’influence écrasante des médias et de la pornographie. Dès l’adolescence, beaucoup d’entre nous apprennent la sexualité à travers des films, des séries ou des sites pornographiques, où tout est spectacle : corps parfaits, désirs synchronisés, performances sans faille. Ces contenus, loin d’être anodins, déforment notre perception de ce qu’est une sexualité normale. Ils créent des attentes irréalistes – durée, taille, réactions – qui, une fois intériorisées, deviennent des sources d’anxiété. 

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Les réseaux sociaux amplifient ce phénomène, avec leurs « coachs » promettant des solutions miracles (« Comment durer 30 minutes au lit ») ou leurs influenceurs vantant une virilité stéréotypée. Résultat ? 68 % des jeunes hommes estiment que leur sexualité est « insuffisante » par comparaison (Haut Conseil à l’Égalité, 2023).


Ensuite, la pression sociale et les stéréotypes de genre jouent un rôle majeur. Dès l’enfance, les hommes entendent des messages comme « Un homme doit toujours être prêt » ou « Il faut satisfaire sa partenaire », tandis que les femmes grandissent avec l’idée qu’elles doivent « être désirables » et « savoir faire plaisir ». Ces injonctions, souvent invisibles, s’ancrent profondément et transforment l’intimité en une épreuve à réussir, plutôt qu’en un moment de partage. Les comparaisons avec les autres – « Untel est un dieu au lit », « Ma copine a dit que son ex était meilleur » – aggravent encore ce sentiment d’inadéquation.


Les expériences passées peuvent aussi laisser des traces durables. Un premier rapport difficile, une moquerie, une rupture liée à la sexualité… Ces souvenirs, même lointains, alimentent la peur de revivre la même situation. « Une ex m’a dit que j’étais nul au lit. Pendant des années, cette phrase a résonné dans ma tête », raconte Thomas, 34 ans. 


L’éducation – ou son absence – joue également un rôle. En France, 67 % des jeunes n’ont pas bénéficié des séances d’éducation sexuelle prévues par la loi (IFOP, 2023), laissant la place à des apprentissages approximatifs, voire erronés. 


Enfin, les troubles physiques ou psychologiques (stress, dépression, problèmes hormonaux) peuvent aggraver l’anxiété, créant un cercle vicieux où la peur de l’échec devient une prophétie auto-réalisatrice.


Tous ces facteurs, combinés, transforment la sexualité en une source de stress plutôt que de plaisir. Pourtant, une fois identifiés, ils deviennent des leviers pour agir – et retrouver une intimité sereine et épanouie.



L’anxiété de performance : un cercle vicieux


anxiété de performance : un cercle vicieux

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Comment reconnaître les signes : quand l’anxiété s’invite dans l’intimité


Reconnaître l’anxiété de performance, c’est d’abord écouter les signaux que votre corps et votre esprit vous envoient, souvent de manière subtile, parfois de façon plus évidente. Ces signes ne se limitent pas à une simple appréhension avant un rapport : ils s’immiscent dans votre quotidien, influencent vos pensées, et peuvent même altérer votre relation à l’autre. Voici comment les identifier, pour mieux les comprendre et, surtout, pour oser en parler.


D’abord, il y a les manifestations physiques, ces réactions corporelles qui trahissent une tension interne. Une difficulté répétée à obtenir ou maintenir une érection, malgré le désir, est l’un des signes les plus fréquents chez les hommes. Ces réactions ne sont pas des « dysfonctionnements », mais des mécanismes de protection : sous l’effet du stress, le corps se met en mode « alerte », privilégiant la survie à l’épanouissement. D’autres indices peuvent vous alerter : des tensions musculaires (mâchoire serrée, épaules contractées), des sueurs froides avant un moment intime, ou encore des troubles du sommeil les soirs où une relation sexuelle est envisagée.

 

Ensuite, viennent les pensées intrusives, ces petites voix qui sabotent votre plaisir avant même qu’il ne commence. « Et si je n’y arrive pas ? », « Elle/il va me trouver nul », « Je dois durer plus longtemps »… Ces phrases, souvent répétées en boucle, ne sont pas de simples doutes. Elles reflètent une peur profonde de l’échec, alimentée par des normes sociétales ou des expériences passées. Cette hypervigilance mentale, cette obsession du contrôle, finit par éloigner du plaisir et renforcer l’anxiété.



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Les comportements d’évitement sont un autre signe révélateur. Vous trouvez des prétextes pour reporter un moment intime (« Je suis trop fatigué ce soir »), vous évitez les situations où une relation sexuelle pourrait survenir, ou vous vous réfugiez dans des substituts (pornographie, masturbation solitaire). Certains adoptent aussi des stratégies de compensation : consommation d’alcool pour « déstresser », achat de produits miracles en ligne, ou même mensonges à leur partenaire pour masquer leur anxiété.

Enfin, l’anxiété de performance a un impact sur la relation elle-même. Elle peut créer des tensions, des non-dits, ou une distance émotionnelle. « Ma compagne pensait que je ne la désirais plus, alors qu’en réalité, j’avais juste peur de la décevoir », explique Sébastien. Les conflits autour de la sexualité deviennent alors un terrain fertile pour l’incompréhension, voire la culpabilité.

Si vous vous reconnaissez dans un ou plusieurs de ces signes, sachez que vous n’êtes pas seul. 

Ces réactions sont des signaux d’alerte, pas des condamnations. Elles indiquent simplement que votre corps et votre esprit réclament une approche différente de la sexualité – une approche où le plaisir ne se mesure pas.



La synergie entre sexothérapie et hypnose est particulièrement puissante.


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L’anxiété de performance sexuelle ne se résout pas par une simple volonté de « se détendre » ou de « positiver ». Elle est ancrée dans des croyances profondes, des souvenirs parfois douloureux, et des schémas de pensée qui, sans qu’on en ait conscience, transforment notre corps en un champ de bataille. Prenons l’exemple de l’érection : quand le stress s’invite dans l’intimité, le corps réagit comme face à un danger. Le cerveau, croyant devoir « performer », active le système nerveux sympathique – celui-là même qui prépare à fuir ou à combattre. Résultat ? Le sang afflue vers les muscles et les organes vitaux (cœur, poumons), mais déserte les zones génitales, rendant l’érection difficile, voire impossible. « C’est comme si votre corps vous disait : ‘Maintenant n’est pas le moment pour ça, on a une urgence !’ », explique Romain après avoir compris ce mécanisme.


En sexothérapie, le travail commence par déconstruire les idées reçues qui déclenchent cette réaction en chaîne. Beaucoup de mes patients arrivent avec des phrases comme « Je dois durer plus longtemps » ou « Il faut que je satisfasse ma partenaire à tout prix », des injonctions souvent intériorisées depuis l’adolescence. Ces croyances, même inconscientes, envoient au corps un message clair : « Attention, danger ! Tu risques d’échouer. » Et le corps, fidèle à sa mission de protection, réagit en conséquence – par des tensions musculaires, une respiration saccadée, ou une impossibilité à se détendre. 

Parfois, il s’agit d’un commentaire blessant (« Tu es nul au lit »), d’une scène de pornographie mal interprétée, ou simplement d’un manque d’éducation sur le fonctionnement réel du corps.


Un autre aspect clé est la rééducation de la communication et du plaisir, car ces croyances limitantes ne perturbent pas seulement l’érection ou l’excitation – elles volent aussi la joie de l’instant. Beaucoup de mes patients ont perdu le contact avec leurs sensations, trop occupés à « surveiller » leur performance ou à anticiper le jugement de l’autre. « Je passais mon temps à vérifier si j’étais ‘à la hauteur’, au lieu de sentir ce qui me faisait du bien », confie Marc, 35 ans. Nous travaillons alors sur des exercices concrets, comme le toucher sans attente ou la pleine conscience, pour leur permettre de réapprendre à écouter leur corps plutôt que de le combattre. 


La gestion du stress est également un pilier de la sexothérapie. Des techniques comme la respiration diaphragmatique ou le grounding (ancrage dans le présent) sont essentielles pour rééquilibrer le système nerveux. « Avant, mon corps réagissait comme si j’allais être noté, raconte Julien, 28 ans. Maintenant, je sais que je peux le calmer en quelques inspirations profondes. » Ces outils agissent directement sur la physiologie : en ralentissant le rythme cardiaque et en oxygénant le corps, ils envoient au cerveau un signal de sécurité – « Tout va bien, tu n’es pas en danger » – ce qui permet au sang de circuler à nouveau librement, y compris vers les organes génitaux.

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Mais le travail ne s’arrête pas là. L’hypnose intervient pour agir en profondeur, là où le mental conscient ne suffit pas. Elle permet d’accéder aux croyances inconscientes qui, comme des logiciels obsolètes, continuent de déclencher des réactions de stress inutiles. « votre corps réagit comme si vous étiez en examen permanent, alors qu’il s’agit simplement de partager un moment intime », expliqué-je souvent en séance. 

L’hypnose permet aussi de créer de nouveaux ancrages positifs. Ces outils transforment progressivement les réactions automatiques de stress en réponses apaisées, permettant au corps de retrouver ses fonctionnalités naturelles – comme une érection qui survient spontanément, sans effort ni contrôle.


En résumé, la sexothérapie et l’hypnose ne se contentent pas de « réparer » un problème : elles restaurent l’harmonie entre le mental et le physique. L’une agit sur les comportements et les pensées conscientes, l’autre sur les croyances et les mémoires inconscientes. Ensemble, elles offrent une voie pour sortir du cercle vicieux de l’anxiété et retrouver une sexualité authentique, joyeuse et sans pression – où le corps, enfin libéré de ses alarmes lorsqu’elles sont inutiles, peut simplement fonctionner comme il en a naturellement la capacité.



Une sexualité sans pression, c’est possible


L’anxiété de performance sexuelle est un piège invisible, alimenté par des normes irréalistes et des croyances qui nous éloignent de notre propre plaisir. Pourtant, elle n’a pas à définir votre vie intime. Les chiffres le montrent : 1 homme sur 5 en France en souffre à un moment donné (IFOP, 2023), mais surtout, ils prouvent que vous n’êtes pas seul.

En sexothérapie et en hypnose, nous ne cherchons pas à « réparer » un problème, mais à libérer ce qui est déjà là : votre capacité à ressentir, à communiquer, et à vivre une sexualité épanouie, sans jugement ni performance. Votre corps sait faire. Votre esprit peut apprendre à lâcher prise.

« Et si la vraie performance, c’était simplement d’être présent à soi et à l’autre ? »

 
 
 

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